Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 18:28

Alors qu'Iphigénie se promène tranquillement avec sa soeur Electre dans les rues de Mycènes, un messager de son père Agamemnon arrive en urgence : Iphigénie doit se rendre à Aulis pour se marier. Mais une fois dans le camp de son père, un serviteur va faire une terrible révélation à la jeune fille :

"Fuyez, madame. Emmenez votre fille et fuyez.

Il y eut une seconde de stupéfaction, puis ma mère s'ébahit :

_Es-tu devenu fou? Je vais marier ma fille!

_Fuyez, je vous en supplie. Votre fille n'est pas là pour se marier.

Achille se leva d'un bond et saisit fermement le serviteur par les épaules.

_Tu sais quelque chose? Parle, bon sang! Que manigance Agamemnon?

_Agamemnon, chevrota le vieux, ce n'est pas vraiment de sa faute. Lui, il ne voulait pas.

_Pas quoi?

_D'ailleurs, reprit le serviteur sans répondre à la question, je le vois malheureux, terrifié, abattu. Vous le croyez parti en reconnaissance alors qu'il se trouve simplement sur l'un de ses vaisseaux. Il veut juste éviter de vous rencontrer, il a trop honte.

_Honte de quoi? intervint ma mère d'un ton impatient.

_Eh bien... Nous sommes immobilisés ici depuis des semaines, dans l'attente du vent qui ne vient jamais. Les hommes n'en peuvent plus, nos forces se diluent inutilement...

_Et qu'avons-nous à voir avec le vent? s'exclama ma mère avec de plus en plus d'agacement. Agamemnon veut-il nous faire souffler dans les voiles?

Les épaules du vieil homme s'affaissèrent.

_Oh, madame, je voudrais bien pouvoir en plaisanter, mais notre devin Calchas a dit que le vent est retenu par la déesse Artémis, qui est fâchée contre Agamemnon.

_Ah bon? fit ma mère sans, bien sûr, percvoir ce qu'il y avait derrière ces mots. Pourquoi?

_Il aurait tué une biche en se vantant d'être plus adroit que la déesse de la chasse elle-même. En réparation de cette insolence, Artémis demande un sacrifice pour laisser partir l'armée.

_Et nous devons être présentes pour le sacrifice?

_Pas vous, dame Clytemnestre, c'est pourquoi il veut vous renvoyer à Mycènes. Seulement votre fille Iphigénie.

_Elle doit aider à accomplir le sacrifice?

_Non... C'est elle... qui sera sacrifiée."

Voici donc le piège tendu à Iphigénie. Evelyne Brisou-Pellen a ainsi adapté en littérature jeunesse une des plus grandes légendes de la mythologie grecque où l'on voit la jeune Iphigénie écrasée par un destin qui la dépasse : née dans une famille maudite, celle des Atrides, elle est condamnée dès sa naissance. En effet, elle porte encore le poids de la faute commise par son grand-père Atrée qui avait tué ses neveux et les avait fait manger par traîtrise à leur propre père. L'auteur a choisi de faire suivre la tragédie à travers les yeux d'Iphigénie, ce qui rend l'histoire encore plus poignante. Ce court livre (une petite centaine de pages) permet de fait de découvrir un des épisodes les plus importants de la légende grecque.

Ajoutons enfin que si le personnage d'Iphigénie est purement légendaire, sa légende conserve en revanche le souvenir d'un fait réel : le sacrifice humain.

Et s'il fallait donner une note, ce serait 4/5.

Partager cet article
Repost0
15 avril 2012 7 15 /04 /avril /2012 16:34

"Se revoir à la Saint-Glinglin", manger "à la bonne franquette", faire quelque chose "en catimini", avoir de "tout à gogo" sont autant d'expressions à la fois étranges et en même temps quotidiennes que Robert Escarpit se propose d'expliquer de manière fantaisiste.

En choisissant ce livre, je pensais découvrir la véritable origine de ces expressions communes. Ce fut là pour moi une première déception : même si à l'issue de chacune des histoires l'on perçoit bien le sens de ces locutions, ce n'est pas l'origine réelle qui nous est contée. Le concept aurait pourtant pu être très intéressant, mais ce recueil ne m'a pas plus séduite que cela même si certaines histoires demeurent sympathique comme celle de "Tartempion" dont voici le début :

"La vraie histoire de Tartempion, personne ne la connaît. On parle de lui à tort et à travers. On dit : "Tartempion a fait ceci, Tartempion a fait cela", sans se demander qui il est vraiment et sans chercher à savoir quel homme se cache derrière ce nom.

Moi, j'ai connu Tartempion. Ce qu'il avait de remarquable, c'est qu'il n'avait rien de remarquable. Il y a beaucoup de gens qui sont comme tout le monde, mais Tartempion était plus comme tout le monde que personne. Il ne se distinguait en rien, ni par ses vertus ni par ses défauts. Il était de taille moyenne, avait un nez moyen, des yeux ordinaires et ne possédait aucun signe particulier."

L'ensemble est très facile à lire.

Partager cet article
Repost0
3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 10:09

Contes des six trésors - Emmanuelle de Saint Chamas, Benoît de Saint ChamasLes six contes qui composent ce recueil ont tous un point commun : leurs histoires ont toutes un lien plus ou moins étroit avec le Louvre. Mais ce n'est pas la seule chose qui les réunisse. Comme l'indique le titre choisi par Emmanuelle et Benoît de Saint Chamas, il est question de trésors.

Il y a les trésors faits de diamants, d'or, de pierreries et d'argent. Et puis, il y a les autres, peut-être moins matérialistes, mais tout autant, si ce n'est plus précieux. Ce sont ces trésors que le les personnages et le lecteur découvrent à travers Lettres anonymes, L'ascenseur du Bon Bazar, Le coffre-fort, L'étrange boutique du docteur Broc, Les tribulations de Triboulet et la statue de l'ange. Ce livre propose ainsi un voyage merveilleux et fantastique à la découverte de quelques-uns de ces trésors tels que la confiance, l'amitié, l'imagination, l'esprit de famille ou encore celui de l'enfance.

On y découvre la mystérieuse vie nocturne du Louvre avec la concierge Germaine qui se lie d'amitié avec la Joconde. Car, oui! Contrairement à ce que l'on s'imagine, une fois les visiteurs sortis du musée, tout le monde quitte son tableau, les statues s'animent et c'est la fête au musée! On y voit croise un ascenseur magique et une boutique pleine d'objets insolites. On y rencontre un fou qui devient roi et un ange envoyé sur terre pour une étrange mission.
Ces contes mêlent avec succès imagination, merveilleux, réflexion et comique comme le montre cet extrait :

"Dieu était occupé à créer une nouvelle galaxie, à l'autre bout de l'univers quand l'archange Gabriel lui apparut.

Il s'inclina avec un infini respect et psalmodia :

_Honneur et gloire à vous, ô tout-puiss...

_C'est bon, c'est bon, fit Dieu. Si tu me déranges en pleine création, c'est que tu as quelque chose d'important à me dire. Je t'écoute.

_Seigneur tout-puissant, on a un problème avec la terre.

_Quel genre de problème?

_La Bourse. Elle chute.

_Depuis longtemps?

_Non, pas tellement : l'équivalent de quelques dizaines d'années en temps humain.

_Sûrement un coup de cornu. Tu as bien fait de me prévenir. Allons voir ça. 

L'Eternel claqua des doigts et se retrouva au seuil de la Bourse du Ciel, accompagné de Gabriel. Des légions d'anges s'affairaient devant un gigantesque tableau sur lequel on pouvait distinguer quantité de chiffres et de graphiques compliqués.

_Vous voyez, ô divin créateur : toutes les valeurs sont en baisse. Les valeurs traditionnelles sont les plus touchées. La courtoisie, la politesse, la galanterie et le respect ne valent presque plus rien. Quant au marché des bonnes actions, il est en chute libre." 

Et ce n'est pas n'importe quel ange qui va pouvoir résoudre ce problème! Ce n'est ni Raphaël, ni Michel, ni Arkenciel, ni Babel ni Décibel, mais l'ange Javel, celui qui est capable de tout nettoyer...!

Six histoires indépendantes donc, mais toutes réunies par un lien secret!

Il est à noter que ce livre a été récompensé par le Prix Littéraire Européen et le Prix des Incorruptibles.

Partager cet article
Repost0
21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 18:29

Le "procès du loup"... quelle idée! Il y a pourtant là juge, avocats, victimes, témoins... un procès digne de ce nom. Mais voilà, il ne s'agit pas d'un procès comme les autres. Les humains doivent juger un des personnages de conte les plus célèbres : le loup du Petit Chaperon Rouge. Coupable? Non coupable?....Le verdict sera peut-être bien différent de celui qu'on attendait !

C'est sous la forme d'une pièce de théâtre au rythme soutenu que Zarko Petan, auteur slovène, a décidé de donner une suite au conte du Petit Chaperon Rouge avec le procès du loup. A la fois drôle et surprenante, cette pièce ne manque pas d'originalité. Entre l'arrogance et la désinvolture du loup, la surdité de la grand-mère, la sympathie apparente du Petit Chaperon rouge et de la grand-mère pour l'accusé, le fait que les frères Grimm soient morts mais que l'un des deux soit tout de même présent au tribunal, le juge est totalement perdu et a bien du mal à mener ce procès :

"LE JUGE. Connaissez-vous le Chasseur?

LE LOUP. Oh oui, je le connais.

LE JUGE. Alors, souvenez-vous. Il vous a ouvert le ventre d'où sont sortis le Petit Chaperon Rouge et sa grand-mère. A leur place il a mis des pierres et il a recousu la peau de votre ventre.

LE LOUP. Je voudrais bien savoir qui a inventé une chose pareille. Moi, je n'ai jamais entendu dire que des gens étaient sortis de mon ventre. Vous y croyez, vous, à cette histoire?

LE JUGE. C'est moi qui pose les questions. Vous n'avez pas le droit de me demander si j'y crois ou si je n'y crois pas. D'ailleurs ce n'est pas votre affaire.

LE LOUP. Vous y croyez, oui ou non?

LE JUGE. Bien sûr que non je n'y crois pas. Je veux dire, bien sûr que si j'y crois.

LE LOUP. Donc vous n'y croyez pas.

LE JUGE. Ça ne vous regarde pas. Et puis, vous ne devez pas anticiper sur les événements. Procédons par ordre. Je suis un homme d'ordre.
LE LOUP. Moi aussi, je nettoie..."

Bref, un excellent moyen de revisiter de manière originale et décalée le conte du Petit Chaperon Rouge. Une version de l'histoire qui est bien surprenante par rapport à celles de Perrault et de Grimm!

Partager cet article
Repost0
10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 11:26

Qui a dit qu'une paire de Prada ne pouvait pas changer votre vie? C'est pourtant ce qui arrive à Callie. Chaussée de ses fabuleux escarpins, elle se tord la cheville. Se cogne la tête. Et se réveille devant un magnifique château ... en 1815. Il ne manquerait plus qu'un duc. Eh bien, le voilà. Vêtu comme un personnage de Jane Austen, arrogant, insupportable, exquis. Un garçon à qui on enverrait bien une Prada à la figure!

Si ce roman s'adresse à un public d'adolescents, on n'en prend pas moins plaisir à le lire. Ce premier livre de mandy Hubbard a d'ailleurs rapidement rencontré le succès. Callie, jeune lycéenne américaine, est en voyage scolaire en Angleterre. "C'est une vérité universellement reconnue : une adolescente américaine effectuant un voyage scolaire en Angleterre est supposée s'amuser comme une folle." Mais, voilà, Callie s'ennuie dans sa chambre d'hôtel, tandis que les autres "s'éclatent" : elle se sent rejetée des par les autres filles de son âge. Alors qu'elle est seule à une table du restaurant de l'hôtel, elle entend Mindy, Angela et Summer parler d'une soirée à laquelle elle aimerait également participer. Pour obtenir une invitation de ces midinettes, il faut être comme elles : être au top de la mode. Pour attirer leur attention, Callie décide alors de s'acheter des escarpins Prada. Mais, n'ayant pas l'habitude de marcher avec huit centimètres de talon, elle se tord la cheville et lorsqu'elle se réveille, elle est en pleine campagne londonienne en 1815.

Impossible alors pour le lecteur comme pour la jeune fille de savoir si son voyage dans le temps est un rêve ou une réalité. Même lorsque Callie rejoint le XXI ème siècle, qu'elle se réveille à l'endroit même où elle s'est évanouie, au milieu de la circulation, certains signent attestent de la réalité des événements qu'elle aurait vécus. Prada et Préjugés est de fait un roman fantastique très original qui se lit d'un seul trait.

Outre l'hésitation entre le rêve et la réalité, la saveur de ce roman vient également de la confrontation des XIX et XXIèmes siècles offrant parfois des passages comiques. Ainsi, lorsque la jeune fille apprend à danser le quadrille et qu'on lui demande de montrer une danse d'Amérique. Elle se lance alors dans une chorégraphie de Mickaël Jackson qui n'est pas sans amuser et surprendre les Anglais.

Le décalage des niveaux de langue prête également à sourire entre un langage tès soutenu du XIX ème et un langage plus remâché de nos jours.

Derrière son côté plaisant, ce livre propose également une rélfexion sur la société. En effet, combien de fois Callie invite-t-elle ses hôtes enfermés dans les préjugés de l'époque à réfléchir sur la hiérarchie sociale et sur l'égalité homme/femme? Mais Callie n'est-elle pas également prisonnière d'un autre préjugé, celui de croire que chausser des Prada sont la clé de son intégration dans la société?

Et s'il fallait metre une note, ce serait 4/5.

Partager cet article
Repost0
8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 10:55

Joseph est un enfant juif né quelques années seulement avant la seconde guerre mondiale. Dès 1942, en Belgique comme ailleurs, les rafles se succèdent à un rythme incessant et il est très tôt séparé de ses parents. Le père Pons le prend alors sous son aile et le cache dans un internat, au milieu de ses pensionnaires catholiques, pour le sauver. Pendant ces quelques mois, Joseph portera sur sa situation un regard critique, source de nombreuses interrogations, mais découvrira aussi la force de l'amitié et l'importance de la transmission d'une culture.

Après avoir abordé le bouddhisme dans Milarepa, l'islma dans Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, le christianisme dans Oscar et la dame rose, Eric-Emmanuel Schmitt poursuit son "Cycle de l'invisible" avec L'Enfant de Noé qui, cette fois-ci, traite de la question du judaïsme, mais de manière originale. En effet, en mettant en scène des personnages incarnant les différentes directions adoptées par les contemporains de la seconde guerre mondiale, l'auteur ne cherche pas à dénoncer mais invite plutôt à réfléchir. On rencontre ainsi Mademoiselle Marcelle, la pharmacienne de Chemlay, pure scientifique, qui, si elle accepte d'aider le Père Pons dans son entreprise de protection des enfants juifs, n'en demeure pas moins une ferme opposante à la religion catholique; et le Père Pons, homme d'église catholique mais néanmoins très ouvert d'esprit qui réfléchit sur sa religion avec Joseph qui lui est, rappelons-le, de confession juive.

Cet ouvrage est de fait, à travers les personnages de Joseph et du Père Pons, la rencontre du judaïsme et du catholicisme. Les interrogations, les doutes, les espoirs et désespoirs qui habitent chaque personnage permettent de montrer l'universalité de la nature humaine, et les immenses ressources personnelles et religieuses pour y répondre, et pour les dépasser. Eric-Emmanuel Schmitt parvient ainsi à trouver le point commun de ces deux religions, leur source commune, là où d'autres auraient sans doute cherché à les confronter, et à alimenter une polémique vaine et destructrice. Le Père Pons ne vit pas aveuglément sa religion, c'est en quelque sorte un philosophe :

"_Joseph, tu aimerais savoir laquelle des deux religions est la vraie. Mais aucune des deux ! Une religion n'est ni vraie ni fausse, elle propose une façon de vivre.

_Comment voulez-vous que je respecte les religions si elles ne sont pas vraies?

_Si tu ne respectes que la vérité, alors tu ne respecteras pas grand-chose. 2 + 2 = 4, voilà ce qui sera l'unique object de ton respect. A part ça, tu vas affronter des éléments incertains : les sentiments, les normes, les valeurs, les choix, autant de constructions fragiles et fluctuantes. Rien de mathématique. Le respet ne s'adresse pas à ce qui est certifié mais à ce qui esr proposé. "

L'Enfant de Noé est un hymne à la vie, à l'amour et à la tolérance et le rappel que chacun mérite respect et considération dans ses similitudes et ses différences.

Et s'il fallait mettre une note, ce serait 4,5/5.

Partager cet article
Repost0
18 février 2012 6 18 /02 /février /2012 17:20

Yannis, âgé de dix ans et orphelin de mère, vit seul avec son père, Démosthène, sur une petite île grecque. Mais depuis la mort de sa femme, ce pêcheur aux sombres pensées est profondément malheureux et en fait subir les conséquences à son fils. Un jour qu'il fait une commission sur un navire pour son terrible père, Yannis est ému par le sort d'un oisillon consamné à mort s'il le laisse entre les mains d'un capitaine guère plus sympathique que son père. Il sacrifie alors son unique souvenir de sa mère (sa croix en or) pour sauver celui qui va devenir son ami.

Avec ce roman plusieurs fois récompensé et qui a fait l'objet d'une adaption cinématographique réalisée par Olivier Horlait, le lecteur fait un beau voyage dans la Méditerrannée éternelle. L'esprit d'Homère navigue encore dans ces lieux. Nombreux sont en effet les passages qui renvoient à l'odyssée d'Ulysse. Mais ce ne sont pas là les seuls échos poétiques de ce magnifique texte. L'on ne peut pas lire les descriptions de la mer sans penser au Bateau Ivre de Rimbaud, les descriptions de Nicostratos sans songer à L'Albatros de Baudelaire. Le narrateur lui-même compare la tristesse de Nicostratos à celle du poète Lamartine au bord du lac du Bourget. Et pour ceux qui douteraient encore de la qualité et de l'intérêt de la littérature jeunesse, ce roman est un excellent exemple de sa richesse poétique et culturelle.

L'histoire est touchante. Les moments pathétiques alternent avec des moments comiques ou chargés d'espoir. La tendresse et l'affection que l'enfant ne trouvent pas auprès de son père, Yannis les trouve auprès de sa chèvre Ivridichi et de son pélican. Pour écrire Nicostratos, Eric Boisset s'est de fait inspiré d'une histoire vraie qu'il a lui-même vécue : alors qu'il était attablé à la terrasse d'un kafénion dans les îles Cyclades, il a vu un garçon âgé d'une douzaine d'années commander à un grand pélican et ravir toute l'assemblée des touristes en mal de photos souvenirs. On retrouve de fait cette scène dans Nicostratos. L'imagination de l'auteur s'est alors mise en marche pour offrir à son lecteur une histoire d'amitié à la vie, à la mort, qui amène de nombreuses métamorphoses et autant d'épreuves. Car devenir un homme aux yeux d'un père malheureux est un rude parcours...

Et s'il fallait mettre une note, ce serait 4,5/5.

Partager cet article
Repost0
11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 12:09

C’est ainsi…, Sara Bricha, Société des écrivains, 211 pages, 15 euros.

Sarah a la fougue amoureuse de ses seize ans et se consume d’amour pour le beau Nans. Emballement réciproque des sentiments qui, malgré l’émoi de l’adolescence, sont inexprimés. Ce jeu de séduction maladroit, tiraillé par le couple infernal de l’orgueil et de la pudeur, laisse la part belle à Eric au cours de l’histoire de la jeune femme, mais à la naissance du troisième, nous assistons à un revirement à 360 degrés…

 

D’abord séduite par un titre mystérieux et par une quatrième de couverture qui vantait l’écriture alerte et vivifiante de Sara Bricha autour d’un thème intéressant, j’ai été quelque peu déçue à la lecture de ce roman et ce sans doute parce que le résumé m’avait fait m’attendre à une réflexion sur la complexité des sentiments. Or ce n’est pas le cas, passions inabouties, heurts et malheurs de la vie et coïncidences des rencontres s’enchaînent avec plus ou moins de vraisemblance d’ailleurs. Le roman commence en effet par un premier chapitre très cliché dans lequel la jeune Sarah, alors lycéenne, débute une histoire d’amour après qu’Eric l’a bousculée en allant en cours et lui a ramassé ses lunettes. Dans ces premières lignes, on sent la jeunesse de l’écrivain à travers sa manière d’écrire et son style léger. Ce chapitre m’a, il est vrai, fait penser à un roman pour adolescents.
N’allons pas jusqu’à dire que ce livre est dépourvu d’intérêt : c’est un bon roman pour se détendre. L’histoire est en effet un peu plus intéressante dans les chapitres qui suivent. Sarh grandit mais reste une jeune femme qui prend souvent, si ce n’est toujours, des décisions hâtives et change alors fréquemment de partenaire. Sa vie amoureuse est plus que mouvementée :

« Elle le fixa plus intensément. Il s’approchait de plus en plus. Elle sentait l’envie qui lui montait, l’envie de l’embrasser, de tout plaquer pour revenir avec lui. Quant à lui, il s’approchait de plus en plus d’elle, regardant les lèvres pulpeuses et sensuelles de la jeune femme. Une petite voix hurlait à en perdre la raison dans la tête de Sarah, lui interdisant de céder à la tentation, lui rappelant qu’Eric était toujours dans sa vie, qu’elle commettrait une erreur qu’elle regretterait bien plus tard, mais elle n’y prit pas garde, et se pencha à son tour pour atteindre les lèvres de Nathan. Cependant, une personne inattendue fit irruption au bon moment, et les deux jeunes gens se relevèrent. » 

Et s'il fallait mettre une note, ce serait 2/5.

Partager cet article
Repost0
5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 15:29

Qu'elle aborde l'histoire antique ou la mythologie, la bande dessinée aura très vite développé, comme genre à part entière, un style de récits alliant fiction et véracité historique. Ainsi, la série des Alix, nous permet, au gré des aventures des personnages, de découvrir la vie politique, économique, culturelle et quotidienne de la Grèce antique.

Au 1er siècle avant Jésus-Christ, Alix et son compagnon Enak se retrouvent vendus comme escalves à Athènes. Mais leur nouveau maître ne souhaite pas les exploiter de manière traditionnelle. Numa Sadulus, agent romain au service du consul Pompée, leur confie une mission : percer les mystères entourant une grande fabrique de vases, le Protonéion. Alix et Enak découvrent alors une machination inquiétante destinée à renverser l'Empire...

Cette bande dessinée donne l'occasion aux jeunes lecteurs de se familiariser avec le monde grec et son organisation socio-politique. Tout à la fois enquête policière sur fond d'affaire d'Etat et parcours historique dans un cadre athénien minutieusement reconstitué, L'Enfant grec frappe l'imagination par sa troublante galerie de personnages. Les discours et les dessins aident notamment à comprendre les rapports esclaves/citoyens. De même, le lecteur est promené graphiquement du port de Pirée au théâtre de Dionysos en passant par l'Acropole. Une première approche du monde greco-romain de fait...

 

Partager cet article
Repost0
28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 17:50

En pleine nuit, Mademoiselle de Scudéry se voit remettre un coffret par un mystérieux inconnu : il renferme une parure de bijoux dont la valeur n'a d'égale que la beauté. Il n'en faut pas plus à la vieille femme de lettres de la cour de Louis XIV pour sombrer dans l'inquiétude : en effet, en 1680, on se fait facilement tuer dans la capitale pour un collier ou pour un bracelet...

La plume d'Hoffmann associe, dans ce texte magnifique tiré de ses célèbres Contes, un récit inquiétant à un cadre historique dont l'intérêt est notoire. Bien que cette intrigue policière soit fictive, elle emprunte néanmoins beaucoup d'éléments à la réalité. La plupart des personnages sont en effet des personnages historiquement célèbres. Il en va ainsi de Mlle de Scudéry, de Mme de Maintenon, de Madame de Montespan ou encore de Louis XIV. Au fil de leurs divers déplacements, c'est également l'occasion pour l'auteur de peindre les hauts-lieux du Paris du 17ème. Ce cadre historique rend le roman d'autant plus palpitant. Après avoir évoqué le contexte troublant des affaires d'empoisonnement, Hoffmann  crée un nouveau fléau qui sème la panique dans la ville : le vol des bijoux.

"Tant que le sang des coupables et des suspects coula à flots sur la place de Grève, les empoisonnements devinrent de plus en plus rares; mais bientôt un nouveau fléau vint répandre l'épouvante dans la ville. Une bande de voleurs semblait avoir pris à tâche de s'assurer de la possession de tous les bijoux. A peine achetée, une riche parure disparaissait d'une manière inconcevable, quelque précaution qu'on employât pour la garder. Mais, ce qui était plus effrayant, c'est que quiconque se hasardait à sortit pendant la nuit avec des joyaux, était infailliblement attaqué et souvent assassiné. Ceux qui avaient échappé à ce danger, rapportaient qu'un coup violent les avait renversés, comme un éclat de foudre, et qu'en reprenant leurs sens, ils s'étaient trouvés dépouillés de leurs bijoux, et dans un tout autre lieu que celui où ils avaient été frappés. Les cadavres que l'on trouvait chaque matin dans les rues et même dans les maisons, portaient tous la même blessure, un coup de poignard au coeur, si sûrement dirigé, disaient les médecins, que le blessé avait dû expirer sans proférer une seule plainte."

Hoffmann qui s'intéressait beaucoup aux troubles psychologiques et aux maladies mentales a parfaitement su créer des personnages tourmentés, en proie à des obsessions qui les poussent à commettre l'irréparable. C'est le cas du joaillier Cardillac, qui ne peut plus se séparer des bijoux qu'il crée et tue pour les reprendre. Mais alors pourquoi ce même personnage offre-t-il ses plus belles pièces à Mademoiselle de Scudéry? Avec Cardillac, on retrouve un de ces personnages littéraires qui, comme Jean-Baptiste Grenouille dans Le Parfum, sont à la fois géniaux et abominables...L'histoire est captivante et se lit d'un trait. L'on n'a qu'une envie : percer le mystère et expliquer ce qui frôle l'inexplicable.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de books-in
  • : Bonjour à tous et bienvenue sur mon blog où je vous fais part de mes dernières lectures. J'espère vous donner envie de découvrir certains livres... Bonne visite à tous!
  • Contact

Recherche

Catégories