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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 22:10

                 Les Jardins du silence, Monique Molière, Société des écrivains, 449 pages, 24 euros.

Les Jardins du silence

 

      A la fin du XIXème siècle, la jeune Clara est conduite par sa mère au château du comte de Beaufort pour devenir la demoiselle de compagnie de Mlle Agnès de Beaufort. Le contraste est alors fort pour cette jeune paysanne d’Auvergne : fini les travaux aux champs et place désormais à la vie des aristocrates, aux bonnes manières, à la littérature… Pourtant, si au départ « son statut de dame de compagnie tient Clara à l’orbe du cercle des domestiques, ni dedans, ni dehors », la jeune domestique va vite jouer un rôle qui dépasse de loin ses fonctions quand les mystères vont se succéder.

      Les Jardins de silence appartient à ce genre de livre qu’il est difficile de refermer une fois qu’on les a ouverts… Ce second ouvrage de Monique Molière est de fait un roman policier très bien mené qui s’inscrit dans un contexte historique et politique particulièrement agité, puisqu’il s’agit de celui de la Troisième République. Il faut dire que cette période, riche en mystères avec l’importance de la Franc-Maçonnerie et du milieu occultiste, se prête largement à ce genre romanesque. Que les plus hostiles d’entre nous au roman historique et à la politique se rassurent, l’auteure a le don de rendre Histoire et politique passionnantes. Sous sa plume, et pour ne donner qu’un seul exemple, le trafic des Légions d’honneur mis en place par le député Daniel Wilson, gendre du Président de la République de l’époque, Jules Grévy, devient palpitant et ce notamment parce que Monique Molière fait cohabiter l’histoire réelle et les aventures de héros hauts en couleurs mais réalistes ! On croise ainsi le personnage de Girardon, un député avide de sexe et abonné aux bordels parisiens qui a son franc-parler. Aussi certaines scènes sont-elles savoureuses, comme celle-ci où il rencontre pour la première fois Marguerite de Beaufort :
« _ Ben alors la Marguerite, on fait sa mijaurée ! Belle fille, mais pas commode ! Je comprends mon comte pourquoi tu vas au Chabanais. Au moins, les putes ne t’emmerdent pas pour des babioles. Tu pètes, tu rotes, elles s’en foutent. Ça les fait marrer !
Henri livide se lève à son tour.
_ Girardon, tu vas la fermer oui ! Ou je te fous mon poing sur ta grande gueule de républicain malappris.
_ Ne t’énerve pas mon comte ! Ta pouliche faut la mettre au pas, sinon tu pourras rien en faire. Dès que t’auras le dos tourné elle te foutra un coup sur le casaquin, que t’auras pas le temps d’y voir ! »
Malgré son côté grossier voire parfois repoussant, Girardon n’en devient pas moins pour autant attachant. Ces scènes
Le côté historique, intéressant et passionnant d’un point de vue culturel, ne masque en aucun cas l’intrigue romanesque. Sur ce fond de troisième république, nous est contée la sombre histoire d’une passion (au sens étymologique du terme) amoureuse digne d’une tragédie. Le rythme du roman est très soutenu, péripéties et rebondissements s’enchaînent (multiples meurtres, disparition, incendie suspect,…). Le mystère et le suspens sont maintenus jusqu’à la fin.
C’est un roman que je recommande vivement. Et s’il fallait mettre une note ce serait 5/5.

 

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21 juin 2012 4 21 /06 /juin /2012 21:24

Une longue et solide complicité unit Max et Martin, deux associés marchands d'art. En 1932, Martin retourne vivre avec sa famille en Allemagne, tandis que Max, juif américain, reste en Californie. Mais au fur et à mesure que le temps passe, les marques de familiarité et d'amitié qui emplissent les premières lettres cèdent peu à peu leur place à des formules de politesse de plus en plus froides et formelles. Un sombre pressentiment envahit Max à mesure que son compagnon espace leur correspondance. L'Histoire aura-t-elle raison de leur amitié?

Les lettres qui composent Inconnu à cette adresse s'échelonnent de novembre 1932 à mars 1934. Si l'histoire qui est racontée dans ce court roman épistolaire est fictive, elle s'inscrit en revanche dans un cadre historique réel et précis : celui de la montée du nazisme en Allemagne jusqu'à son installation au pouvoir.

Autrefois très proche de son ami Max, Martin semble très vite perdre tout recul critique et toute compassion devant les violences infligées aux juifs. Il se laisse clairement embrigader. Le changement d'attitude de cet Allemand "pure souche" est assez brutal. Les doutes du début , "Je crois que Hitler est bon pour le pays, mais je n'en suis pas sûr", débouchent vite sur des certitudes et les lettres se font douloureuses pour Max :

"Nous devons présentement cesser de nous écrire. Il devient impossible pour moi de correspondre avec un juif; et ce le serait même si je n'avais pas une position officielle à défendre. [...]

En ce qui concerne les mesures sévères qui t'affligent tellement, je dois dire que, au début, elles ne me plaisaient pas non plus; mais j'en suis arrivé à admettre leur douloureuse nécessité. La race juive est une plaie ouverte pour toute nation qui lui a donné refuge. Je n'ai jamais haï les juifs en tant qu'individus - toi, par exemple, je t'ai toujours considéré comme mon ami -, mais sache que je parle en toute honnêteté quand j'ajoute que je  t'ai sincèrement aimé non à cause de ta race, mais malgré elle."

Hitler apparaît de fait comme l'homme providentiel aux yeux de Martin comme aux yeux de beaucoup d'Allemands pour sortir le pays de la crise (présentée comme la décadence morale de la société). Max désemparé et déçu parviendra-t-il alors à stopper la dérive de son "ami"? Et qui se cache derrière cet "inconnu à cette adresse?"

Et s'il fallait mettre une note, ce serait 4,5/5.

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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 18:18

    Alors qu'elle n'a que vingt ans, Denise débarque à Paris accompagnée de ses deux frères, Jean seize ans et Pépé cinq ans. Ils viennent de fait chercher le secours de leur oncle Baudu qui leur a "gentiment" ou plutôt poliment proposé un mois plus tôt son hospitalité à la suite du décès de leur père. Tandis que les trois provinciaux errent dans les rues de Paris à la recherche de la petite boutique de Baudu, ils sont arrêtés par la beauté, l'immensité et la vie d'un grand magasin : le Bonheur des Dames. Quel contraste avec le vieil Elbeuf, le magasin de Baudu, qui est en train de se délabrer! Ce magasin qui fait rêver toutes les femmes parisiennes va également faire rêver Denise. Mais le rêve frôle parfois le cauchemar... L'histoire est lancée!

 

Comme dans la plupart des romans de la série des Rougon-Macquart, dans Au Bonheur des dames, Zola veut rendre compte de la société contemporaine et plus précisément de son évolution, de ses changements. Ce qui l'intéresse dans ce roman, c'est l'apparition du grand magasin inconnu jusqu'alors et qui a révolutionner la façon de consommer.

 

Dans le dernier tiers du XIXème siècle, la lutte est engagée dans certains quartiers de Paris entre le petit commerce traditionnel et les grands magasins comme Au Bon Marché, dont la puissance commerciale s'affirme de jour en jour. C'est d'ailleurs ce magasin qui a inspiré Zola. L'on sait en effet que l'auteur, fidèle à ses méthodes d'enquêteur, avait sollicité une visite de ce magasin auprès d'Aristide Boucicaut, son inventeur. Aristide Boucicaut, c'est Octave Mouret, ce jeune patron, pur produit du capitalisme triomphant, et l'ancêtre de nos grands PDG. Il a tout compris des mécanismes nouveaux des affaires, tout deviné des ressorts de ce qu'on appelera un siècle plus tard la société de consommation.

 

"Ayez donc les femmes et vous posséderez le monde", s'exclame-t-il!  C'est là un véritable coup de génie! A l'époque, la femme est en effet considérée comme une espèce décorative, fragile et immature. "Cheveux longs et courte d'esprit" est d'ailleurs une maxime fort répandue. La médecine et l'Eglise s'étaient d'ailleurs entendues pour créer une image de la femme opposée à celle de l'homme, prétendant que le cerveau des femmes était plus petit - cerveau qui ne devait pas être trop stimulé car, en cas de grossesse, le sang quitterait l'utérus, ce qui qui engendrerait un enfant chétif et donc un futur soldat inapte à défendre la France! C'était alors un devoir quasi patriotique pour les femmes de rester à la maison. Aussi une femme respectable ne pouvait-elle fréquenter que deux lieux sans son mari : l'église et le cimetière. Et c'est là tout le coup de génie d'Octave Mouret/Aristide Boucicaut : le magasin doit devenir la nouvelle cathédrale des femmes.

 

Mais si Zola assigne au roman une fonction documentaire, le roman n'est pas une plate reproduction de la réalité. Impossible en effet pour lui de faire une description objective et purement réaliste! Sous sa plume, le magasin devient un monstre qui dévore Paris :

 

"Vers deux heures, un piquet d'ordre dut faire circuler la foule et veiller au stationnement des voitures. Le palais était construit, le temple élevé à la folie dépensière de la mode. Il dominait, il couvrait un quartier de son ombre. Déjà, la plaie, laissée à son flanc par la masure de Bourras, se trouvait si bien cicatrisée, qu'on aurait vainement cherché la place de cette verrue ancienne; les quatre façades filaient le long des quatre rues, sans une lacune, dans leur isolement superbe. Sur l'autre trottoir, depuis l'entrée de Baudu dans une maison de retraite, le Vieil Elbeuf était fermé, muré ainsi qu'une tombe, derrière les volets qu'on n'enlevait plus; peu à peu, les roues des fiacres les éclaboussaient, des affiches les noyaient, les collaient ensemble, flot montant de la publicité, qui semblait la dernière pelletée de terre jetée sur le vieux commerce; et, au milieu de cette devanture morte, salie des crachats de la rue, bariolée des guenilles du vacarme parisien, s'étalait, comme un drapeau planté sur un empire conquis, une immense affiche jaune, toute fraîche, annonçant en lettres de deux pieds la grande mise en vente du Bonheur des Dames. On eût dit que le colosse, après ses agrandissements successifs, pris de honte et de répugnance pour le quartier noir, où il était né modestement et qu'il avait plus tard égorgé, venait de lui tourner le dos, laissant la bouee des rues étroites sur ses derrières, présentant sa face de parvenu à la voie tapageuse et ensoleillée du nouveau Paris."

 

Parallèlement à l'histoire du grand magasin, Au Bonheur des Dames raconte l'histoire d'amour improbable entre cette pauvre vendeuse moquée qu'est Denise et Octave Mouret, ce grand patron richissime. L'on y voit les deux personnages renoncer peu à peu à leurs préjugés moraux et sociaux.

 

Et s'il fallait mettre une note, ce serait 5/5

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 15:44

 

 Les hirondelles seront toujours là, Myriam Salomon Ponzo, Mon petit éditeur, 210 pages, 20€.

 

Alors qu’elle n’a que deux ans, les parents de Marion se séparent. Commence alors pour elle et son frère Edmond une existence mouvementée : d’abord confiés à l’assistance publique, dans un sursaut de paternité, Charles vient les chercher…pour les confier un temps à leur grand-mère maternelle. Leur mère, quant à elle, n’en a que le nom, ne faisant que quelques apparitions dans la vie de ses enfants et restant pour eux un mystère.
Qu’adviendra-t-il alors de ses enfants qui grandissent et deviendront des adultes ?

 

Les hirondelles seront toujours là raconte d’abord le chaos d’une enfance difficile. Un peu à la manière de Zola, Myriam Salomon-Ponzo semble présenter les problèmes de ses personnages comme une sorte de tare héréditaire. Si les parents de Marion et Edmond n’ont pas réussi à construire un foyer familial stable où élever leurs enfants, c’est peut-être parce qu’eux-mêmes n’en ont pas eu. Ainsi, Charles n’a jamais connu son propre père et a été élevé par sa tante ; Faustine non plus n’a jamais su qui était son père et a grandi aux côtés de sa grand-mère… Le divorce de Charles et de Faustine apparaît alors comme une fatalité dont doivent s’accommoder les deux enfants.
Marion adulte aura bien du mal à remplacer un manque affectif toujours latent. L’image forte de son père va entraîner Marion enfant, adolescente puis adulte dans un tourbillon masculin où les hommes de sa vie vont défiler sans jamais parvenir à soulager son malaise.
Si j’ai bien aimé la façon de raconter l’histoire dans ce livre, mêlant à la fois humour et amertume, je regrette toutefois que l’analyse psychologique des personnages n’ait pas été poussée plus avant. Je reprocherais en effet à l’auteur d’être trop descriptive et de ne pas suffisamment brosser le portrait intérieur de ses personnages qu’on aurait envie de connaître davantage. De plus, j’ai été quelque peu déçue dans la mesure où les premières pages du roman nous faisaient croire à une réflexion à venir :
« Le divorce des parents de Marion fut prononcé et ainsi débuta sa vie. A compter de ce jour, il leur était donné, à elle et son frère, deux et quatre ans, de s’accommoder de cette situation.

Cela n’était certainement pas le meilleur des commencements, mais si les choses avaient été toutes autres, Marion aurait-elle les mêmes souvenirs qui l’enchantent et l’émeuvent ? »

Or, cette interrogation est mise de côté dans le livre qui est trop souvent purement descriptif. Ce n’est que dans les dernières pages du livre que l’on retrouve cette réflexion. C’est à cet égard que la fin du livre est à mon avis plus intéressante.

J’ai également été gênée dans ma lecture par certaines lourdeurs. Trop nombreuses sont en effet les phrases du type « Ce devait être l’aventure de la vie de Marion qui la marquerait » ou encore « Marion ne savait pas que c’est de cette décision-là qu’allait découler le reste de sa vie » qui ne cessent d’annoncer ce qui va se passer par la suite et déçoivent ainsi le suspense du lecteur.

 

Malgré tout, le texte se lit vraiment très bien et très vite. Cette lecture reste agréable. Myriam Salomon-Ponzo nous offre là le témoignage d’une enfance – son enfance, comme elle le confesse dans les dernières lignes – à la fois heureuse et malheureuse mais qui au final se montre optimiste pour peu qu’on veuille bien regarder le bon horizon.

Et s’il fallait donner une note, ce serait 3/5.

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10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 11:26

Qui a dit qu'une paire de Prada ne pouvait pas changer votre vie? C'est pourtant ce qui arrive à Callie. Chaussée de ses fabuleux escarpins, elle se tord la cheville. Se cogne la tête. Et se réveille devant un magnifique château ... en 1815. Il ne manquerait plus qu'un duc. Eh bien, le voilà. Vêtu comme un personnage de Jane Austen, arrogant, insupportable, exquis. Un garçon à qui on enverrait bien une Prada à la figure!

Si ce roman s'adresse à un public d'adolescents, on n'en prend pas moins plaisir à le lire. Ce premier livre de mandy Hubbard a d'ailleurs rapidement rencontré le succès. Callie, jeune lycéenne américaine, est en voyage scolaire en Angleterre. "C'est une vérité universellement reconnue : une adolescente américaine effectuant un voyage scolaire en Angleterre est supposée s'amuser comme une folle." Mais, voilà, Callie s'ennuie dans sa chambre d'hôtel, tandis que les autres "s'éclatent" : elle se sent rejetée des par les autres filles de son âge. Alors qu'elle est seule à une table du restaurant de l'hôtel, elle entend Mindy, Angela et Summer parler d'une soirée à laquelle elle aimerait également participer. Pour obtenir une invitation de ces midinettes, il faut être comme elles : être au top de la mode. Pour attirer leur attention, Callie décide alors de s'acheter des escarpins Prada. Mais, n'ayant pas l'habitude de marcher avec huit centimètres de talon, elle se tord la cheville et lorsqu'elle se réveille, elle est en pleine campagne londonienne en 1815.

Impossible alors pour le lecteur comme pour la jeune fille de savoir si son voyage dans le temps est un rêve ou une réalité. Même lorsque Callie rejoint le XXI ème siècle, qu'elle se réveille à l'endroit même où elle s'est évanouie, au milieu de la circulation, certains signent attestent de la réalité des événements qu'elle aurait vécus. Prada et Préjugés est de fait un roman fantastique très original qui se lit d'un seul trait.

Outre l'hésitation entre le rêve et la réalité, la saveur de ce roman vient également de la confrontation des XIX et XXIèmes siècles offrant parfois des passages comiques. Ainsi, lorsque la jeune fille apprend à danser le quadrille et qu'on lui demande de montrer une danse d'Amérique. Elle se lance alors dans une chorégraphie de Mickaël Jackson qui n'est pas sans amuser et surprendre les Anglais.

Le décalage des niveaux de langue prête également à sourire entre un langage tès soutenu du XIX ème et un langage plus remâché de nos jours.

Derrière son côté plaisant, ce livre propose également une rélfexion sur la société. En effet, combien de fois Callie invite-t-elle ses hôtes enfermés dans les préjugés de l'époque à réfléchir sur la hiérarchie sociale et sur l'égalité homme/femme? Mais Callie n'est-elle pas également prisonnière d'un autre préjugé, celui de croire que chausser des Prada sont la clé de son intégration dans la société?

Et s'il fallait metre une note, ce serait 4/5.

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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 10:55

Joseph est un enfant juif né quelques années seulement avant la seconde guerre mondiale. Dès 1942, en Belgique comme ailleurs, les rafles se succèdent à un rythme incessant et il est très tôt séparé de ses parents. Le père Pons le prend alors sous son aile et le cache dans un internat, au milieu de ses pensionnaires catholiques, pour le sauver. Pendant ces quelques mois, Joseph portera sur sa situation un regard critique, source de nombreuses interrogations, mais découvrira aussi la force de l'amitié et l'importance de la transmission d'une culture.

Après avoir abordé le bouddhisme dans Milarepa, l'islma dans Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, le christianisme dans Oscar et la dame rose, Eric-Emmanuel Schmitt poursuit son "Cycle de l'invisible" avec L'Enfant de Noé qui, cette fois-ci, traite de la question du judaïsme, mais de manière originale. En effet, en mettant en scène des personnages incarnant les différentes directions adoptées par les contemporains de la seconde guerre mondiale, l'auteur ne cherche pas à dénoncer mais invite plutôt à réfléchir. On rencontre ainsi Mademoiselle Marcelle, la pharmacienne de Chemlay, pure scientifique, qui, si elle accepte d'aider le Père Pons dans son entreprise de protection des enfants juifs, n'en demeure pas moins une ferme opposante à la religion catholique; et le Père Pons, homme d'église catholique mais néanmoins très ouvert d'esprit qui réfléchit sur sa religion avec Joseph qui lui est, rappelons-le, de confession juive.

Cet ouvrage est de fait, à travers les personnages de Joseph et du Père Pons, la rencontre du judaïsme et du catholicisme. Les interrogations, les doutes, les espoirs et désespoirs qui habitent chaque personnage permettent de montrer l'universalité de la nature humaine, et les immenses ressources personnelles et religieuses pour y répondre, et pour les dépasser. Eric-Emmanuel Schmitt parvient ainsi à trouver le point commun de ces deux religions, leur source commune, là où d'autres auraient sans doute cherché à les confronter, et à alimenter une polémique vaine et destructrice. Le Père Pons ne vit pas aveuglément sa religion, c'est en quelque sorte un philosophe :

"_Joseph, tu aimerais savoir laquelle des deux religions est la vraie. Mais aucune des deux ! Une religion n'est ni vraie ni fausse, elle propose une façon de vivre.

_Comment voulez-vous que je respecte les religions si elles ne sont pas vraies?

_Si tu ne respectes que la vérité, alors tu ne respecteras pas grand-chose. 2 + 2 = 4, voilà ce qui sera l'unique object de ton respect. A part ça, tu vas affronter des éléments incertains : les sentiments, les normes, les valeurs, les choix, autant de constructions fragiles et fluctuantes. Rien de mathématique. Le respet ne s'adresse pas à ce qui est certifié mais à ce qui esr proposé. "

L'Enfant de Noé est un hymne à la vie, à l'amour et à la tolérance et le rappel que chacun mérite respect et considération dans ses similitudes et ses différences.

Et s'il fallait mettre une note, ce serait 4,5/5.

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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 12:09

C’est ainsi…, Sara Bricha, Société des écrivains, 211 pages, 15 euros.

Sarah a la fougue amoureuse de ses seize ans et se consume d’amour pour le beau Nans. Emballement réciproque des sentiments qui, malgré l’émoi de l’adolescence, sont inexprimés. Ce jeu de séduction maladroit, tiraillé par le couple infernal de l’orgueil et de la pudeur, laisse la part belle à Eric au cours de l’histoire de la jeune femme, mais à la naissance du troisième, nous assistons à un revirement à 360 degrés…

 

D’abord séduite par un titre mystérieux et par une quatrième de couverture qui vantait l’écriture alerte et vivifiante de Sara Bricha autour d’un thème intéressant, j’ai été quelque peu déçue à la lecture de ce roman et ce sans doute parce que le résumé m’avait fait m’attendre à une réflexion sur la complexité des sentiments. Or ce n’est pas le cas, passions inabouties, heurts et malheurs de la vie et coïncidences des rencontres s’enchaînent avec plus ou moins de vraisemblance d’ailleurs. Le roman commence en effet par un premier chapitre très cliché dans lequel la jeune Sarah, alors lycéenne, débute une histoire d’amour après qu’Eric l’a bousculée en allant en cours et lui a ramassé ses lunettes. Dans ces premières lignes, on sent la jeunesse de l’écrivain à travers sa manière d’écrire et son style léger. Ce chapitre m’a, il est vrai, fait penser à un roman pour adolescents.
N’allons pas jusqu’à dire que ce livre est dépourvu d’intérêt : c’est un bon roman pour se détendre. L’histoire est en effet un peu plus intéressante dans les chapitres qui suivent. Sarh grandit mais reste une jeune femme qui prend souvent, si ce n’est toujours, des décisions hâtives et change alors fréquemment de partenaire. Sa vie amoureuse est plus que mouvementée :

« Elle le fixa plus intensément. Il s’approchait de plus en plus. Elle sentait l’envie qui lui montait, l’envie de l’embrasser, de tout plaquer pour revenir avec lui. Quant à lui, il s’approchait de plus en plus d’elle, regardant les lèvres pulpeuses et sensuelles de la jeune femme. Une petite voix hurlait à en perdre la raison dans la tête de Sarah, lui interdisant de céder à la tentation, lui rappelant qu’Eric était toujours dans sa vie, qu’elle commettrait une erreur qu’elle regretterait bien plus tard, mais elle n’y prit pas garde, et se pencha à son tour pour atteindre les lèvres de Nathan. Cependant, une personne inattendue fit irruption au bon moment, et les deux jeunes gens se relevèrent. » 

Et s'il fallait mettre une note, ce serait 2/5.

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